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Voyages d'une volontaire
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13 février 2013

Témoignages

Voici quelques témoignages des enfants accueillis au centre:

1)     PAOLA BOLEU

           Paola travaillait comme aide ménagère dans une famille pour gagner sa vie. Elle a quinze ans. Elle vivait chez une maman avec son propre bébé qui venait de naître. Suite à une affaire d’argent perdu, Paola s’est vue chassée avec son père. Honteuse, elle a commencé à survivre dans la rue. C’est là que nous l’avons trouvée deux jours après son arrivée. Avec une éducatrice, elles sont allées dans la famille de Paola. Depuis ce jour Paola évolue bien auprès des siens qui prennent soins d’elle et du bébé. Elle voudrait apprendre la couture pour devenir autonome, mais comme le bébé est trop petit personne ne peut le garder en son absence. En attendant que le bébé atteigne l’âge de 7 mois, nous avons donné un microcrédit à Paola afin qu’elle gère une petite activité génératrice de revenu sur place. Elle gère bien sa petite affaire et le souvenir de la rue est  désormais loin derrière elle.

 

2)     SHADRAK NGOMA

            Shadrak a onze ans. Il vivait avec ses parents et ses quatre frères et sœurs en famille. Malheureusement dans cette famille il ne trouvait pas de quoi subvenir à ses besoins. Son frère aîné, Dieu, est allé dans la rue pour prendre sa vie en mains et tenter de mieux survivre. Quelques temps après, Ndako Ya Biso l’a réunifié dans sa famille pour qu’il commence à étudier. Sauf que le problème de la faim ne s’arrangeait pas alors Dieu est retourné dans la rue en entraînant son frère Shadrak. Nous sommes donc retournés dans la famille pour mieux comprendre leur situation et envisager le retour de Shadrak. Constatant la misère qui engendre l’inoccupation des enfants, nous avons convenus de commencer par scolariser Shadrak dans une école proche de la maison. Shadrak étudiait sérieusement. Mais cela ne suffisait pas, les conditions de logement étant déplorables, il risquait à tout moment de rechoisir la rue. A l’aide d’une garantie locative, la famille a emménagé dans un espace mieux adapté et paye le loyer. Grâce à ces conditions plus favorables, Shadrak put mener une brillante scolarité avec 74% en 2ème année primaire. Les responsables de son école l’appréciaient beaucoup pour son comportement exemplaire. Malheureusement, ce 26 janvier, Shadrak a fait une grave crise d’épilepsie et a rendu son dernier soupir. Notre équipe a compatit et soutenu la famille dans cette épreuve qui nous a tous surpris.

 

3)     JOEL ZOLA

            La mère de Joël était jeune fille et sans activité génératrice de revenu lorsqu’elle a accouché de lui. Il est l’unique fruit de l’union avec Guy son père. Ses parents se sont séparés peu de temps après, et Joël est resté auprès de sa mère. Comme celle-ci n’avait aucun moyen de subsistance, elle a confié le bébé à la grand-mère qui a voyagé avec lui en province. Ils se sont établis dans un village et Joël grandit dans un milieu familial harmonieux, sans soucis pour le pain quotidien. Par contre Joël n’allait pas à l’école car le travail des champs qu’assurait sa grand-mère ne lui rapportait pas suffisamment d’argent pour ce faire. Comme Joël voulait étudier, il demanda à sa grand-mère de le renvoyer chez ses parents pour le scolariser. Seulement ses deux parents s’étaient remariés chacun de leur côté. Finalement Joël retourna chez sa mère tout en ayant l’occasion de voir son père. Là Joël ne s’attendait pas à ce que naisse une mésentente avec sa mère et son beau père au point d’être privé de manger, enfermé dans la maison… La mère confia à une amie qu’elle ne supportait plus son fils. L’amie lui conseilla alors d’aller dans une église où ils prieront pour changer son comportement. Joël s’est donc soumis à ces visites à l’église, jusqu’au jour où le « prophète » a déclaré que Joël se comportait mal parce qu’il avait été « ensorcelé » par une personne de la famille au village. Il ajoutait « l’esprit mauvais qui est en lui cherche comment mettre des conflits dans votre maison. » Après ce discours, le « prophète » proposa à la mère de laisser Joël à l’église pour la prière spéciale. La mère l’abandonna là. Durant nombre de jours et nuits, enfermé dans l’église, Joël subit les séances « d’exorcisme ». Sans visite de sa famille, affamé, ne supportant plus la situation, Joël prit la fuite. Il se réfugia chez son père heureux de l’accueillir. Malheureusement le père était sous logé par un ami et sans emploi. Il suggéra donc à Joël de retourner auprès de sa mère avec qui il ira discuter pour qu’elle ne le renvoie pas à l’église.  En chemin, Joël croise des amis l’encourageant à rester dans la rue. Ne pouvant rester chez son père et ayant peur d’aller chez sa mère, Joël accepte. Commence alors une vie difficile et compliquée à supporter. Le premier jour il se fait tabassé par les anciens de la rue qui lui prennent aussi ses habits et ses sandales. Joël réalise amèrement que dans cet état il ne peut plus faire marche arrière et rentrer à la maison. Quelques temps plus tard Joël fréquente le centre NYB et raconte son histoire. Avec un éducateur ils vont à la recherche de son père : introuvable. Ils n’ont qu’un numéro de téléphone auquel il ne répond pas. La rencontre avec la mère révèle sa peur de la « sorcellerie » de l’enfant. Une tante acceptait de l’accueillir si ses parents le prenaient en charge. Aujourd’hui les médiations de l’éducateur portent du fruit et la mère ne croit plus que Joël soit « sorcier ». De son côté Joël ne craint plus de retourner chez sa mère. Sa réunification est prévue dans peu de jours. Joël espère aussi renouer contact bientôt avec son père.

 

4)     FANNY M.

            Fanny, aînée de sa famille, voit ses parents divorcés à l’âge de 14 ans. Choisissant de rester vivre avec son père et ses frères, elle dut commencer à travailler pour nourrir la famille. C’est ainsi qu’elle trouva à s’engager comme femme de ménage dans plusieurs familles. Quelques fois elle allait aussi dans les bars pour trouver quelque chose à ramener à la maison. Cela dura jusqu’au jour où une famille lui devait 20$. Tandis que Fanny attendait cette somme, le père qui l’avait engagé tomba malade et cela provoqua de grandes difficultés économiques dans la famille. Celle-ci décida alors d’aller voir le pasteur pour trouver une réponse. Le pasteur leur affirma que Fanny était la « sorcière » responsable de toutes ces difficultés. Fanny fuit donc la famille et abandonna la dette. Dans l’église où Fanny priait, tout le monde sut qu’elle était « sorcière » et elle-même se mit à y croire. Cependant son père refusait une telle accusation et su défendre sa fille et l’encourager à poursuivre son chemin sans tenir compte des dires de ces gens. C’est ainsi qu’aujourd’hui Fanny peut donner elle-même son témoignage pour encourager ceux qui subissent le même sort à dépasser ce stade où l’on cherche à les détruire. Actuellement, en tant qu’éducatrice auprès des enfants en rupture sociale et familiale, dont nombreux sont des soi-disant « sorciers », Fanny lance le message qu’un enfant n’est pas « sorcier » et que l’espoir d’un autre avenir existe toujours.

 

5)     ELIE MOBILO

            Elie est un jeune âgé de onze ans qui a passé déjà 5 années de sa vie dans la rue. Contrairement à la majorité des enfants de la rue qui sont issus de familles recomposées, Elie a ses deux parents vivants ensemble. Cependant la famille vit dans la misère et les parents sont désunis. Ils ne s’entendent pas sur la façon d’éduquer leurs enfants au point que trois de leurs sept enfants ont fait l’expérience de la rue. Quand un enfant fugue, seule la mère se donne la peine de le rechercher dans la ville, le père attend. Le père est au chômage alors c’est la mère qui fait vivre la famille avec son commerce de fruits. Elle est venue récupérer son fils le jour de noël, lorsque nous confions tous nos enfants du centre Ndako Ya Biso à des familles désireuses de les accueillir en ce jour spécial. Seulement quand l’éducateur se rend en famille, le père lui fait très mauvais accueil et refuse tout lien avec nous ainsi que l’aide que nous pouvons apporter à sa famille en difficulté. C’est pourquoi nous espérons que Dieu fera grâce  à Elie afin qu’il demeure auprès des siens.

6)     DJANI TOTI

            Lorsque les parents de Djani ont divorcés, lui et son frère sont restés vivre auprès de leur père. La mère et le père se sont remariés successivement. Dès l’arrivée de la nouvelle femme du père, elle a commencé à accusé Djani d’être « sorcier », en trouvant un tas de prétextes à son accusation. Elle fit tant et si bien que son mari finit par la croire et chassa Djani de la maison. C’est ainsi que Djani a passé deux ans la rue, s’inquiétant chaque jour de ce qu’il allait devenir dans ces conditions. En rencontrant Djani, nous sommes allés voir son père et celui-ci opposa un refus catégorique au retour de l’enfant. De l’autre côté la mère de Djani est introuvable. En attendant que les démarches avec la famille puissent aboutir à une solution satisfaisante, nous avons confié Djani à un centre spécialisé dans l’accueil des jeunes issus de la rue. Il vit désormais là avec  une quarantaine d’enfants comme lui et a commencé à étudier avec eux.

 

7)     KEVIN MATUMWENI

            Né d’un mariage consanguin, Kevin a aujourd’hui douze ans. Il a grandit chez ses grands parents où il manquait d’affection maternelle. Sa grand-mère allait avec lui sur le marché vendre le charbon. Passant ses journées au marché, Kevin a commencé à se lier d’amitié avec les enfants de la rue qui restaient là. A 7 ans il passa ses nuits au marché, couché dans le caniveau. Sa santé se détériora vite, il souffrait aussi de mal nutrition. En découvrant son fils dans cet état, son père décida de le reprendre avec lui. Mais comme il n’était pas dans un état ordinaire, la famille commença à penser que c’était un « sorcier ». La famille maltraita l’enfant qui commença alors à commettre des vols et vendit des affaires de la maison. Avant d’en arriver plus loin, Kévin fut renvoyé auprès de son grand père. Là il reprit les habitudes d’aller sur le marché et s’installa finalement dans la rue pendant quatre mois. Le jour où nous sommes sortis à la rivière avec Kevin, il nous a raconté son histoire. Nous nous sommes donc rendus chez son père avec lui. Le père disait qu’il aime son fils mais il refusa la main que Kevin lui tendait. Il déclara également : « A dater de ce jour, je change mon nom. Si tu reviens, je ne t’accepterais plus comme mon fils. » Face à cette désaffiliation, nous nous sommes dirigés vers le grand père. Celui-ci, en concertation avec la mère de Kevin, s’engagea à prendre soin du garçon et de surveiller sa fréquence à l’école. Maintenant que Kevin est à l’école et non plus au marché, il évolue favorablement.

 

8)     CARMEN ATIYA

            Carmen a quinze ans aujourd’hui. Elle vivait avec ses deux parents et ses frères et sœurs. Il y a quelques temps, son père est parti sans laisser de trace. Il a abandonné toute la famille qui se retrouva à la rue. Les grands parents décidèrent alors d’accueillir leur fille et petits enfants au sein de leur petite demeure. Au début Carmen continua d’aller à l’école mais bientôt le grand père n’eut plus les moyens d’envoyer tous les enfants à l’école alors Carmen arrêta là ses études. N’ayant rien à faire, s’ennuyant à la maison, Carmen passait ses journées à déambuler dans la rue. Quelques fois elle passait aussi la nuit dans la rue, exposée à toutes sortes de dangers dont sa famille ne peut la préserver en dehors de son sein. C’est dans la rue qu’un éducateur a rencontré Carmen et est entré en relation avec elle. Une confiance suffisante s’est installée pour qu’elle accepte de livrer son adresse à l’éducateur. Celui-ci s’est aussitôt rendu chez la famille pour se rendre compte de la situation. Après de longues discutions avec le grand père et la mère, un projet triparti fut lancé entre la famille, l’école et Ndako Ya Biso. Le nécessaire fut fait pour aider la famille à se stabiliser et envoyer Carmen reprendre ses études. Avec les visites régulières en famille, notre travail en coopération avec la famille et l’école porte du fruit et encourage à garder espoir.

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